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Endométriose : décryptage sur les dernières avancées, du diagnostic à la prise en charge

le 14/05/2025

Pourriez-vous expliquer simplement ce qu'est l'endométriose ?

L'endométriose correspond à la présence de cellules normalement situées dans la couche interne de l'utérus, appelée endomètre, mais qui se retrouvent en dehors de leur zone d'implantation habituelle. Ces cellules possèdent des récepteurs qui réagissent aux hormones féminines au cours du cycle menstruel, notamment lors de l'ovulation et des règles. Les patientes souffrent généralement de fortes douleurs pendant leurs règles et peuvent aussi présenter d'autres symptômes initialement cycliques qui, avec le temps, peuvent évoluer vers des douleurs chroniques, permanentes.

Les lésions d'endométriose sont inflammatoires. Ces agrégats de cellules forment des nodules douloureux qui, en évoluant, créent de la fibrose, rétractent les tissus et génèrent des adhérences. Même lorsque la maladie n'est plus active, ces adhérences peuvent persister et causer des douleurs pelviennes chroniques.

En quoi cette pathologie affecte-t-elle la vie quotidienne des femmes concernées ?

L'endométriose affecte considérablement la vie quotidienne des femmes, principalement à cause des douleurs qu'elle provoque : au moment des règles, mais aussi parfois au moment des rapports sexuels ou à divers moments du cycle. Dans certains cas, elle peut également entraîner des situations d'infertilité. Ces conséquences peuvent se répercuter à de nombreux niveaux de la vie quotidienne.

Quel lien existe-t-il entre endométriose et infertilité ?

L'endométriose peut parfois être une cause d'infertilité, mais ce n'est pas toujours le cas. Les soucis de fertilité liés à l'endométriose sont généralement associés aux atteintes ovariennes, notamment la présence d'endométriomes dans les ovaires.

Il est toutefois important de rappeler que la fertilité féminine est très majoritairement liée à l'âge. La fertilité spontanée est optimale entre 20 et 35 ans, puis décroît ensuite. Nous pouvons aider efficacement les femmes atteintes d'endométriose dans leur projet de procréation, particulièrement dans cette tranche d'âge où leur fertilité est la plus importante. Plus on tarde à consulter, plus la prise en charge peut être difficile ou infructueuse. Mais avec un diagnostic d'endométriose à trente ans, les chances de grossesse sont très élevées ! 

Par ailleurs, aujourd'hui, une femme prise en charge dans un parcours au sein d'un centre agréé d'endométriose peut avoir accès à la préservation de sa fertilité si elle ne souhaite pas encore avoir d'enfant mais projette potentiellement d’en avoir à plus long terme.  

Quelles solutions existe-t-il pour les femmes diagnostiquées ?

Les solutions se divisent en deux grandes catégories selon le projet de vie des patientes :

  • Pour celles qui ont un désir immédiat de grossesse, nous recommandons de tenter une grossesse spontanée. Sans résultat après 6 mois d’essais, il est conseillé de consulter un gynécologue ou d'entamer un parcours dans un centre de PMA. Les femmes souffrant d'endométriose bénéficient d'une prise en charge dès 6 mois sans succès.
  • Pour les patientes sans désir immédiat de grossesse, le traitement consiste en un traitement hormonal afin de soulager les symptômes douloureux en bloquant le cycle menstruel et en évitant ainsi l’aggravation de la maladie. Certains traitements hormonaux peuvent même faire diminuer la taille des lésions. Pour les patientes présentant une atteinte endométriosique des ovaires ou altération de la réserve ovarienne, la patiente peut être éligible à la préservation de la fertilité. 

La chirurgie peut être indiquée dans plusieurs situations : en cas d'échec des traitements face à des douleurs altérant la qualité de vie, ou lors d'un échec de prise en charge médicale d’assistance à la procréation. Il est essentiel de réaliser cette intervention au moment optimal, car nous savons que pendant l'année qui suit une chirurgie, le taux de grossesse spontanée est meilleur. 

Pouvez-vous nous expliquer ce qui a été mis en place au sein de la clinique Belharra ? 

Depuis début 2024, nous avons mis en place à la clinique Belharra un hôpital de jour (HDJ) dédié à la prise en charge de l’endométriose, à l’initiative du Dr Dounia Skalli. Nous y proposons un parcours de soin structuré d’une demie journée, autour d’une approche globale de la maladie. L'équipe comprend une diététicienne, une kinésithérapeute-ostéopathe, une psychologue et une infirmière spécialisée dans la gestion de la douleur, nous permettant d’intégrer plusieurs dimensions thérapeutiques complémentaires. 

Ce modèle de prise en charge a rencontré un succès considérable avec un nombre de demandes qui ne cessent d’augmenter, avec un taux de satisfaction des patientes de 9,5/10. Point particulièrement important : l'ensemble de ce parcours en hôpital de jour est entièrement pris en charge, sans aucun frais pour les patientes. 

Quelles innovations récentes offrent de nouveaux espoirs aux patientes ?

Les avancées les plus significatives concernent surtout le diagnostic. Le test salivaire développé par Ziwig Lab représente une innovation majeure de ces derniers mois. Ce laboratoire, situé dans les Landes, a mis au point une analyse de salive qui permet de diagnostiquer l'endométriose grâce à des marqueurs génétiques appelés micro-ARN circulants. Ce test présente une fiabilité supérieure à celle d'une biopsie chirurgicale ou d'une IRM. Il permet de réduire considérablement le délai de diagnostic, qui passe de 7-10 ans en moyenne à seulement 10 jours. C'est une véritable révolution dans la prise en charge de l'endométriose ! Actuellement, ce test est en phase d'étude médico-économique dans le cadre du forfait Innovation du gouvernement, pour déterminer à quel moment de la prise en charge il pourra être proposé aux patientes. Pour l'instant, il est possible d’y accéder dans le cadre d'une étude clinique appelée « EndoBest » , impliquant 80 centres en France. Initialement prévue pour 2 500 personnes, l'étude a été élargie à 25 000 participantes.

Une autre avancée notable concerne la chirurgie robot-assistée, qui permet une précision chirurgicale accrue et diminue le taux de laparotomie – c'est-à-dire l'ouverture du ventre au moment d’une opération. Cette technologie existe depuis une dizaine d'années mais connaît actuellement un développement important. À la clinique Belharra, nous avons reçu un robot chirurgical il y a quatre mois et nous commençons à l'utiliser en gynécologie.

Face à l'endométriose, le message du Dr Claire Théodore est résolument optimiste : grâce aux avancées diagnostiques tels que le test salivaire, à la mise en place de parcours pluridisciplinaires et à l'optimisation des traitements, les patientes bénéficient désormais d'une prise en charge considérablement améliorée. L'essentiel reste le diagnostic précoce et l'approche personnalisée, adaptée au projet de vie de chaque femme.